Une rencontre froide

Algard sortit du palais et se dirigea vers la grande place de la ville. Il n'avait pas pu assister au conseil, mais même s'il avait pu il aurait refusé. Il ne supportait pas l'idée de rencontrer le fils d'Asarion après ce qu'il avait fait. Il voulait se changer les idées et admirer la ville de jour, ce qu'il faisait rarement, ne sortant généralement que la nuit, et pour des raisons particulières...

Algard arriva dans la place principale d'Askant. Une immense place de pavés rouge où des marchands ventaient leur marchandise aux passants. Des enfants jouaient avec des épées de bois et se couraient après en riant et criant. On remarquait aussi des hommes discutant, buvant des chopes d'hydromel, et certains, ivres, dansant et riant aux éclats. Au milieu de la place se dressait une immense fontaine où des femmes discutaient et lavaient leur linge. Parmi ces femme, une trempait machinalement sa main dans l'eau en regardant celle-ci bouger au rythme de son mouvement. Elle prit alors un peu d'eau dans sa paume et elle devint glace et remua un peu. Algard continua son chemin. Soudain, pensant à ce qu'il vient de voir, il se retourna vivement. La femme portait désormais un collier blanc, presque transparent. Alors toute l'agitation de la ville disparut dans sa tête, il n'entendait rien, il ne voyait rien, excepté cette femme. Elle tourna alors son visage dans une autre direction...

Ses yeux étaient couleur ciel.

ALgard était pétrifié. Ses pensée s'emmêlaient et tout était confus. Néanmoins une pensée parvenait à s'imposer.

*Elle est vivante!*

Il s'avança vers elle d'une démarche d'automate. Arrivé à quelques mètres d'elle son visage se tourna vers lui. Il en était désormais certains, ce visage éclairé d'un mélange de surprise, d'étonnement et de joie était celui de sa soeur... Viviane Elendar. Il s'avança encore.

- A...Algard?

- Viviane, cela fait au moins 16 ans, et tu es vivante!

- Oui, et toi aussi! Oh Algard, pourquoi n'étais-je pas là... je te croyais mort.

Ils s'enlacèrent et un événement rare se produisit. Algard pleura, de joie, contrairement à d'habitude.

-Tu m'as manqué, je ne cessais de penser à toi.

- Toi aussi, toi aussi.

Ils s'écartèrent et elle le regarda. Puis elle se leva.

- Allons à cette taverne, nous avons tellement de choses à nous dire!

Et il la suivit. Lui qui avait vécu de longues années dans le désespoir d'être seul avait, en une seule journée l'amour et le bonheur d'avoir une famille.

Les heures passèrent et les deux Elendar discutèrent longuement. Algard appris que sa soeur n'était pas au manoir lors de l'attaque, elle était descendue au village, c'est pour cette raison qu'elle avait survécu. Chacun raconta à tour de rôle ce qu'ils avaient vécu. Viviane était devenue une dresseuse d'animaux. Elle savait s'y prendre avec les chevaux et visitais souvent l'écurie du manoir... à l'époque où il y en avait encore... Ils avaient tous les deux vécu dans l'ignorance de l'existence de l'autre et avient tous deux pris des chemins différents. Algard lui racontait tout, il n'hésitait même pas à lui expliquer la vie d'assassin et de voleur qu'il a mené. Mais elle ne parut ni choquée, ni fâchée. Elle lui dit: "Une vie pour une autre, ta survie dépendait de la mort des autres, tu ne peux t'en vouloir, tu n'avais pas d'autres choix, si ce n'est la mort." La journée touchait à sa fin et Viviane se leva et dit.

- Il faut que nous nous revoyons un jour. Tu m'as décris la façon dont tu utilise ta magie, celle que tu as appris tout seul et par instinct. Mais je vais t'enseigner ce que tu ne sais pas encore.

- Tu peux peut être venir au palais avec moi?

- Non, désolé. J'ai des choses à faire et il serait plus pratique de s'entrainer dehors. Revoyons-nous demain en début de journée dans les souterrains, le meilleur endroit où pratiquer discrètement la magie.

Et elle partit. Algard sortit à son tour de l'auberge pour la regarder jusqu'à ce qu'il ne la vit plus. Il retourna alors au palais.