Rencontre avec le passé

Encore une fois, elle fut soufflée par le narcissisme du personnage. Tout ça pour alimenter son égo démesuré! Ah, quel plaisir ça devait être de savoir tout les guildes d'Askant sous ses ordres! Avdotia eut un ricanement intérieur. Dommage qu'il n'éprouve plus de culpabilité, ça aurait servi à nourrir son narcissisme. En effet, quoi de plus narcissique que de penser que tout est de sa faute? Certes, on est rongé par les remords, mais ce n'est rien en comparaison de sentir qu'on est le centre, d'un évênement. La cause de quelque chose. Elle sortit le l'auberge, pensive. La prochaine destination...Hum...Elle ne savait pas trop...La nuit était tombée. Or, elle n'avait pas sommeil...(Qui aurait pu penser qu'elle avait perdu environ la moitié de son sang la veille?)

- La prochaine destination...Hé bien...J'ai entendu dire qu'il y avait un bal masqué, ce soir...Voudrais-tu me faire l'honneur de m'accompagner?

Elle eut un sourire et sorti de sa sacoche un de ses masque. Celui qui couvrait la moitié surpérieure de son visage. Elle le mit, léger sourire aux lèvres et retourna la tête vers Marneus. On aurait pu la comparer à une gamine qui suppliait un de ses parents de l'accompagner pour une quelconque sortie. Une petite moue implorante, suppliante. Mais néanmoins narquoise, bien sûr. Elle n'allait pas se rabaisser à supplier Marneus tout de même. Aller à un bal masqué! mon dieu, quelle idée lui avait prise?!! Elle n'aimait pas la foule, et encore moins danser! Et elle n'avait même pas d'habits de soirée. Mais il n'était pas trop tard pour y remédier...Elle se souvint d'elle et d'Ivana qui se chamaillaient pour savoir qui est-ce qui allait porter telle ou telle tenue, telle ou telle robe,...Evidemment, à chaque fois, elles voulaient exactement la même chose. Donc, elle se chamaillaient tout le temps. C'était drôle. Elle se dit que sa jumelle aurait aimé aller à ce bal. Ivana adorait tout ce qui était soirées, danse,...Mais Avdotia avait toujours, elle, été renfermée sur elle même. Alors, bon sang, qu'est-ce qu'il lui prenait de vouloir aller à ce bal?

Elle rit en entendant sa réaction. Non mais vraiment!! Il avait vraiment pensé...C'était le comble!

- Marneus! Tu as vraiment pensé que je t'invitais à un bal masqué?!

Il était tombé pile dans son piège! Elle se serait retrouvée bien embêtée s'il avait accepté!Quoique, ç'aurait été l'occasion idéale de tester un nouveau parfum. Vu qu'elle savait qu'il était...imunisé...En y repensant, elle frémit. Elle avait brisé un de ses meilleurs parfums par sa faute! Absurde! Et comment se faisait-il qu'il n'aie pas réagi? Mystère. Jamais personne n'avais réussi à résister à aucun de ses parfums! Ce qui renforça ce que pensait Avdotia: Marneus ne pouvait pas être tout à fait...humain. Elle avait aussi l'impression que sa guérison si rapide après qu'elle aie perdu tant de sang était l'oeuvre de Marneus, indirectement, peut-être, mais il y était pour quelque chose.

- Je garde mon masque quand je veux. Et si t'es dégouté en me regardant, j'en suis ravie! Tu vois, je suis heureuse d'être aveugle, pour ne pas avoir à te supporter dans mon champ de vision...

Elle se tu et respira profondément, concentrant son odorat inouï sur les armes de Marneus. En particulier sur la dague empoisonnée. Ce poison. Elle ne l'avait jamais senti autre part. Interressant...Jouait-il aussi au parfait petit chimiste? Il était en train de s'en aller, mais elle demanda:

- Dis moi Marneus, ton poison sur la dague, c'est bien toi qui l'a inventé?

Quand ils auront fini cette petite conversation, qu'allait-elle faire? Elle avait déjà dormi quelques temps la veille, et ça lui suffisait pour des mois... Elle était insomniaque, et ça lui convenait très bien. Et si elle allait tout compte fait au bal? Ce serait marrant...Ou bien, une balade? La lune était pleine, magnifique. C'était la seule chose qu'elle regrettait de ne pas pouvoir voire...Oui, une balade. Peut-être un meurtre dans la foulée? Qui sait! La nuit, il y avait tellement de trucs à faire! Tellement de gens à effrayer...Ahahaha....

Elle éclata de rire, carément. Rire irréel, faux, mais à la fois tellement vrai...Etrange...

- Tu sais, je peux arracher les tiens, comme ça tu ne me verras plus...Tu verras, c'est un peu douloureux au début, mais ça passe...C'est pratique, d'être aveugle..

Elle sourit. Sourire carnassier. Oh oui, elle aurait aimé lui arracher les yeux! Mais peut-être ne serait-il pas d'accord...? Hé oui, c'était pratique d'être aveugle. La nuit ne changeait rien, elle se repérait autant bien qu'en plein jour.

- Tu crois vraiment que je t'ai invité?! C'est affreux! Je n'ose pas imaginer si vous auriez accepté, je me serais retrouvée en bien piètre situation...Je pense tu dois être un piètre danseur aussi, non?

Elle eut un petit sourire moqueur. Elle reprit:

- Pourquoi tu devrais savoir si tu dois attendre ou aller te coucher? Pourquoi te préocuperais-tu de ce que je vais faire, après?

Oui, pourquoi? Il allait qu'à aller se coucher sans autres, s'il le voulait!

- Donc, ton poison est mortel en quelques secondes? Hé bien, c'est pratique, n'est-ce pas? Et donc, tu possède un antidote, tu es imunisé? Bah tiens, ça m'étonne pas...Moi aussi, je possèdes des poisons inconnus, mortels en peu de temps, et je doute que quiconque puisse y survivre...

Elle marqua un temps d'arrêt et s'approcha de Marneus. Sa voix avait baissé pour n'être qu'un murmure.

- Mais toi...Toi, je sais que tu n'y mourrais pas...Parce que tu n'es pas humain...Enfin oui, mais pas tout à fait...Alors, dis moi...Dis moi...Dis moi qui tu es vraiment...Tu n'as aucun signe d'humanité quelconque, je ne m'étonnerais même pas que si on te tranche la gorge, ton sang ne coule même pas...

Pas à ce point. Avdotia trouvait Marneus très humain, quand même. Trop, peut-être. Mais en même temps, il était inhumain. Avdotia était inhumaine, elle s'y connaissait. Elle était elle même inhumaine. Ou au contraire, trop. Tout est similaire, tout est contradictoire.

Elle se raidit légèrement quand il prit son menton, mais elle ne fit aucun geste pour se dégager. ça n'aurait servi à rien, et puis, il n'allait rien lui faire, de toute façon. Il avait raison, d'un coté. Etre humain, c'est être faible. Eprouver le moindre sentiment était un handicap. Si on voulait survivre en ce cruel monde, il fallait ne plus rien éprouver du tout. Certes, ça revenait à un suicide, mais c'était autant suicidaire que d'avoir encore des sentiments. Elle murmura:

- Alors comme ça, je suis faible? Je suis donc humaine? Si tu savais à quel point tu te trompe, mon pauvre Marneus. Peut-être que pour toi je suis...faible, mais je ne suis surement pas humaine...Et je crois pas que je vais regretter la moindre chose, je n'ai plus rien à perdre...Et oui, j'ai vraiment envie de te trancher la gorge, de t'arracher les yeux, la langue,...Mais pas le coeur, je doute que tu en aie un. Et s'il s'avérait que tu en aie un, il serait putréfié à mon avis...Et je sais que si je tenterais la moindre chose, ça ne marchera pas. Je sais qu'il a quelque chose, quelqu'un qui...te maintiendra en vie...Ou qui t'aidera à me tuer...

Elle sourit. Elle secoua imperceptiblement la tête quand il la lâcha. C'était une des personnes les plus exaspérantes qu'Avdotia n'aie jamais rencontré!Et des plus narcissiques...Attention...Tout comme Narcisse, il risquait un jour de se noyer, trahi par son reflet trompeur...Il préférait donc l'accompagner pour pas qu'elle ne s'enfuie? Oh, on dirait un papa poule qui suit partout sa fille de peur qu'elle fasse une bêtise!Elle ne parla pas tout de suite après lui..."je dois bien avouer que ta compagnie m'est moins désagréable que celle des autres..." Ironie ou non? Dur à savoir, cette fois...

- Pourquoi m'éclipserais-je?Je ne veux pas te fausser compagnie aussi vite. Compagnie qui m'est des plus agréables...Enfin...Plus agréable que les autres...

Elle sourit. Même pas une pointe d'ironie dans son sourire, ni dans sa voix. Etait-elle vraiment ironique? Peut-être que si, peut-être que non. Qui sait?! Ellipsons ce mystère. En tout cas, Marneus l'amusait bien. Il était...Divertissant disons. Son narcissisme avait quelque chose de très intérressant! Et pas que le narcissisme. Marneus était des plus intriguant. Son odeur devrait déjà figurer dans les plus grands mystères du monde, de l'univers!

- Tu préférerais donc m'accompagner pour que je ne m'enfuie pas? J'ai pas besoin de baby-sitter, je suis assez grande. Mais bon, ta compagnie ne me dérange pas du tout, comme je te l'ai dit avant...

Elle avait envie d'un coté qu'il l'accompagne. Elle adorait l'embêter...Elle se dit que c'était la première fois qu'elle cotoyait quelqu'un aussi longtemps, depuis pas mal de temps...Hé oui, ça faisait environ 24h qu'elle connaissait Marneus! Depuis longtemps, elle ne prenait plus la peine de parler aux gens. Elle se contentait de dégoter quelques contrats, et de tuer. C'était l'essentiel de sa vie. Se nourrir, dormir, ce n'était pas essentiel pour elle. Il lui fallait tuer. Mais peu de gens faisaient confiance à une personne aussi jeune, et si en plus, elle était aveugle! Et le fait qu'elle était une femme n'arrangeait rien...Heureusement, Marneus allait lui fournir des contrats, Avdotia était tranquille pour un petit bout de temps...

Avdotia se demanda ce qui le retenait de la tuer. Elle savait qu'il en avait surement très envie...Mais s'il tentait quoi que ce soit, c'était sûr qu'elle n'allait pas se laisser faire! Après tout, la mort ne faisait pas partie de son contrat...Un jour ou l'autre, il allait peut-être se rendre compte qu'elle n'était pas si faible que ça. Peut-être qu'elle était jeune, peut-être qu'elle était aveugle, peut-être qu'elle était une femme, mais elle savait se battre. Elle se réjouissait du jour où elle croiserait le fer avec Marneus...

- Bien sûr que je mourrais, un jour ou l'autre, je ne compte pas vivre éternellement! Mais ce ne sera sûrement pas toi qui vas me tuer!Bien sûr que j'ai envie de tuer à nouveau, je ne peux pas m'en passer, je dois te l'avouer...Mais de toute façon, avec ou sans toi, je dégoterais de nouveaux contrats. Mais je sais que tu pourras m'en fournir pas mal...D'où l'intérêt de ne pas m'éclipser, comme tu le dis...donc je serais dans ton bureau, demain, dès l'aurore...

Pourquoi avait-il besoin d'elle pour tuer tout ces gens? Après tout, ce n'était pas les assassins qui manquaient, à Askant! Bon, restait à savoir ce qu'elle allait faire. Oui, elle allait faire une petite balade...Avec de la chance, elle réussira à se trouver un petit contrat rapide...Elle resta un moment là quand Marneus partit. Bon vent! Elle n'aimait pas qu'on la suive, pour n'importe quoi. Elle n'aimait pas se sentir épiée, suivie. Vive la liberté quoi! Hum...Si elle retournait à la taverne boire un autre Whisky? Peut-être, mais une autre taverne alors...Une où elle savait qu'elle allait peut-être trouver un contrat...Elle bailla et enleva son masque. Elle décida de mettre un autre qui lui couvrait le visage en entier. Son odorat n'en était pas affecté. Quand elle eut procédé au changement, elle rabattit sa capuche sur son visage. Elle marcha d'un pas assuré vers une taverne, quelques rue plus loin. Entre temps, elle s'amusa à sentir ce qu'il y avait aux environs. Marneus était reparti dans la planque. Qu'il y avait il d'intéressant dans les environs? Oh, un bouquet de roses fanées. Pas très loin. L'odeur salée d'eau de mer. Non. Des larmes. Sans aucun doute, un pauvre coeur brisé qui pleurait un amour perdu. Avdotia se rit de pareilles niaiseries! Ridicule...L'amour, un des sentiments les plus vils. La jeune femme se décida à aller voire qui pouvait être faible à ce point...Elle se dirigea d'un pas assuré vers la source de l'odeur. La personne était assise sur un banc, la tête dans les mains, le bouquet était par terre.

- Hé là, mon bon seigneur! Qu'est la cause de tant de chagrin?

- Sachez que la femme que j'aime est morte!Elle a été tuée cruellement, sauvagement! On lui a même arraché le coeur, les yeux, et la langue! Que lui valait tant de haine, tant de rage à la tuer! Si seulement je pouvais pourfendre l'auteur de ce crime!

Avdotia rit intérieusement, sachant qu'on parlait d'une de ses victimes. Elle enleva son capuchon, et son masque. Le pauvre homme ne vit pas dans la nuit qu'elle était aveugle.

- Tout cela est bien triste...J'en suis désolée...Puis-je vous offrir un verre afin de soulager un tant soit peu votre peine?

- Volontier...

Le reste se passa rapidement. Personne ne les avait vu. La jeune femme emena le pauvre homme dans un endroit désert, et sortit son épée. Il la vit, mais ne bougea pas. Avdotia jura qu'elle l'avait vu, au contraire, rejeter la tête en arrière, offrant sa gorge à la lame. Le cadavre s'éffondra, et elle n'était déjà plus là, en direction d'une taverne douteuse où elle trouverait peut-être un contrat...