Soleil, odeur de poisson et poussière

Partis depuis deux jours déja d'Ishtar, Karel débarqua sur une plage déserte, au sud d'Askant, avec pour seules possessions, un sac de victuailles et ses armes.
Le jeune voleur détacha sa bourse et observa le peu qu'elle contenait avec dépit. Rien qui lui permette de subvenir à ses besoins...
Tout en râlant et pestant contre son manque de prévenance et le sel ainsi que l'odeur de poisson qui lui collait à la peau, Karel se mit en route.
Le jeune homme grommela dans sa barbe tout en ramassant un baton qui trainait sur le chemin.

"- Humph... Put£*$* de capitaine... même pas foutu de te faire débarquer au bon endroit..."

Et Karel continua ainsi, en grognant et râlant. Après tout, il avait bien raison... dans son esprit du moins. Il avait fait voyage pour une fortune dans une cale puant le poisson et le capitaine l'avait lâché sur une plage déserte qui déservait Askant par un pauvre petit chemin terreux d'où la poussière se soulevait à chaque pas du jeune homme. La chaleur qui régnait n'allait pas pour arranger son humeur. Pas le moindre petit arbre pour se taper une sieste en toute quiétude.

Karel fulminait mais continuait néanmoins son chemin... Il n'allait tout de même pas se laisser mourir... Mais le trajet était long et le jeune homme avait beau être sportif et résistant, il avait néanmoins besoin de boire, manger et se reposer avant la nuit.

La journée avait été très reposante, n'écoutant que mes envies, mes caprices, je m'étais baignée et avais rit, toute seule, dans les vagues, profitant le plus possible de l'eau, le fennec m'avait rejoint (j'avais donné du leste à sa corde), à mon grand étonnement et avait barbotté quelques minutes dans l'eau restée prisonnière des rochers, il était revenu, fier comme un coq, avec quelques crustacés. Un fois sur la plage, j'étais totalement désydratée, trempée, le sable et l'écume salée me grattaient la peau mais j'étais tout simplement ravie. Je me suis donc allongée, et me suis endormie, roulée en boule dans le drap qui me sert de lit, dorant au soleil, râlant lorsque mon fennec s'obstinait à tirer et à déchiqueter ma couverture de fortune.
Quand la fraîcheur fut revu et le courage de marcher, encore et toujours, avec, je me décidais enfin à prendre la direction Askant. L'homme qui m'avait mené ici avait pris soin de bien m'expliquer quelle était le trajet à suivre, je l'avais écouté attentivement et connaissais le chemin par coeur. Je mis donc en route, une fois mon paquetage refait et mon animal "domestique" si je peux me permettre, neutraliser...

Karel aperçut une petite boule rose, à une bonne vingtaine de mètre de lui.

"- Tiens, ~~un malabar~~ Qu'est-ce-que c'est que ça ?"

Le voleur pressa le pas et rejoignit ce qui s'avéra être une magnifique jeune femme à la morphologie des plus singulière. Marcha derrière elle, il détailla la demoiselle, songeant qu'il l'avait déja vu quelque part, le problème étant de savoir où et quand...
S'éclaircissant la gorge pour attirer l'attention, Karel décida qu'il était temps de se faire plus entreprenant et d'éclaircir le mystère.

"- Hum Hum... dites moi damoiselle... On ne se serait pas déja vu quelque part ? Ishtar peut-être... ou le vieux rafiot du capitaine Reitel ? "

Le jeune homme ne jugea pas bon de dévoiler plus que sa dernière destination et attendit la réponse de l'inconnue. Le voleur de leva pas non plus le voile de son identité, songeant que rester un anonyme quelques instants était bien plus marrant.

Je me retournais brusquement, mon fennec grogna et se hérissa, sur le coup, j'eus peur, je l'avoue mais tout de suite rassuré par ce beau jeune homme charismatique, je souris et pensai, amusée :

"- un dragueur surement... Mignon!"

Bien sur, je le dévisageai longuement, admirant son regard, son visage... Ce regard ?! Il eut dans mon esprit un brusque déclic, un peu trop violent, je hoquetai et murmurai avec émoi :

- Rel...

Aparemment, il ne m'avait pas entendu... J'en profitais pour le dévorer des yeux, avide.
Il avait atrocement grandi, trop grandi !! Et comme il était devenu beau et musclé ! Je rayonnais en moi-même ce jeune homme était mon frère, mais je me repris avec une pointe d'amertume... C'était mon frère, je comprenais maintenant pourquoi il avait laissé tant de coeurs brisés sur son chemin !

Non, je ne me jeterais pas dans ses bras et ne devoilerai pas mon identité, j'allais un peu jouer avec lui, quel délice ! Je pris la parole d'une voix douce et suave.

- A non, Damoiseau, je n'ai pas le souvenir de vous avoir croisé... Si vous le permettez, j'aimerais continuer mon chemin...

Et je me retournais, le menton haut et fière puis m'éloigna d'une démarche féline et féminine. J'entendis des pas derrière moi...

[HRP]La narration se fait à la troisième personne s'il te plait. Merci!^^[/HRP]

Un vieil homme passa sur le sentier avec une cariole pleine de pisson. Celle-ci dégageait une forte odeur de poisson et pour cause: elle en était pleine. L'homme était un pécheur et il revenait de la mère où ses prises avaient étaient fructueuses. Maintenant il allait vendre son butin marin et odorant en ville. Il arriva à hauteur des deux jeunes gens et tourna sa tête décrépit mais joviale vers eux. Il remarqua un petit air de famille et en conclut qu'ils étaient frère et soeure. Il éleva alors une voix chevrotante et usée par la vieillesse.

-Alors les galoupiots! On fait une sortie familliale?

Il stoppa sa mule.

-Si vous voulez je peux vous emmener jusqu'à Askant en charette! Il reste encore pas mal de marche et ton... ton p'tit chat va vite se fatiguer ma grande! Allez! Montez que je vous embarque!

Son regard de grand père gateux inspirait la confiance. Il montra l'arrière de la charette de sa main ridée. Derrière le tas de poisson odorant il y avait la place de loger deux, voir trois personnes, facilement.

[Nous revoilou après une longue abscence !]

Karel aurait voulu répondre à cette insolente petite chose rose qui le regardait de haut alors qu'elle était plus basse que lui. Malheureusement, un vieux croulant et puant le poisson ne lui laissa pas l'occasion de se défendre des piques lancées par la demoiselle.

-Alors les galoupiots! On fait une sortie familliale?

Galoupiots ? Tout d'abord, Karel haussa un sourcil. Il n'avait pas la moindre idée de ce que pourrait être un galoupiot mais soupçonnait une chose faible et relativement ridicule. Ensuite, il se demandait de quoi pouvait bien parler le vieux pêcheur, étant donné qu'il ne voyait pas sa soeur dans les parages et qu'il avait bien du mal à assimiler le fait que le vieux prenne la chose rose comme étant de sa famille. Son regard noir allait du pêcheur à la demoiselle qu'il n'arrivait toujours pas à identifier, malgrès cette impression de déjà vu persistante.
Le voleur se redressa et ajusta son sac avant de dévisager le vieil homme.

"- Hum... Vieil homme, ta charrette sent le poisson et je suis déja assez souillé comme ça... Néanmoins..."

Karel se tourna vers la chose rose et lui adressa un clin d'oeil malicieux.

"- J'ai besoin de savoir si ma soeur est d'accord avec moi"

Même s'il ne connaissait absolument pas la jeune femme, le voleur estimait qu'il valait mieux jouer le jeu du vieillard, surtout avec ce qu'il avait en tête.
Il s'approcha donc de celle qu'il avait l'impression d'avoir déjà vue et lui souffla quelques mots à l'oreille.

"- Vous récupèrez votre chose et vous sautez dans la charrette... Si toutefois vous marchez avec moi..."

Puis, aussi rapide que le lui permettait ses jambes, il se retourna, attrapa le vieillard par ses haillons et le jeta au bas de la charrette avec un sourire narquois.

"- Néanmoins, je vous emprunte votre cariole ! "

Tout se passa très vite, elle bondit, grimaça (l'odeur du poisson lui piquait les narines) et s'empara des rennes, son fennec sous le bras. D'un coup sec, elle fit démarrer la monture et jeta un coup d'oeil amusé par-dessus son épaule.

- "Merci vieil homme !!! Et toi ! Cria-t-elle en s'adressant à son frère. Monte dans la charette, je vais pas t'attendre deux jours!!!"

Puis elle se détourna et fit accélérer la mule qui, malgré son apparence bancale, partit au grand galop. De plus, l'odeur marine se dissipa peu à peu, les poissons volaient (phénomène assez rare), elle semait la cargaison sur son chemin.
Au rythme du balancement de la cariole, elle fredonna une chanson, puis s'interrompit et voyant la scène qui se déroulait à sa gauche pour éclater de rire.