Songeuse...

Seraphina marchait dans la rue, paisiblement. Il n’y avait pas beaucoup de gens, c’était agréablement calme. La jeune femme appréciait la quiétude, la tranquillité. Elle était dans un des beaux cartiers d’Askant, et à cet heure-ci il n’y avait pas grand monde. Ces endroits étaient fréquentés par des gens de la haute société, mais aussi de voleurs, truands, et autre…Seraphina arriva sur une petite place avec beaucoup de boutiques. La foule y était un peu plus dense que dans les rues. Au milieu, il y avait une petite fontaine de marbre blanc, avec une magnifique statue représentant une femme inconnue, entourée d’autres femmes, agenouillées, des servantes sans doute, tenant des vases d’où jaillissait de l’eau en regardant la dame principale avec dévotion. Mais bien sûr, Seraphina ne voyait pas toute cette magnificence. Elle se contenta de poser sa besace par terre, de s’asseoir sur le bord et le laisser sa main glisser dans l’eau, bougeant distraitement, formant quelques rides sur la surface lisse. Elle ferma les yeux, cachant ses iris rouges. Elle se concentra sur tout le bruit environnant, tentant de discerner certaines conversations.

- Anaraël, venez donc ici ma chère ! Sentez-ce parfum ! Ne le trouvez- vous pas sublime ?

- En effet ! Même si je préfère celui-ci, je le trouve moins agressif…

- Moins agressif dites-vous ?! Oh, je n’en crois rien, je reste sur mon choix…

- Bien. Monsieur, quel est le prix pour ces deux fioles ?

- 20 écus mesdames !

La jeune nécromancienne se désintéressa de ces gens, vers le stand des parfums, pour écouter un peu plus près, deux femmes qui parlaient…

- Oh, chérie, regardez donc mon nouveau collier ! Il est fait de perles, d’émeraudes, de saphirs, le tout incrusté dans de l’argent le plus fin !

- Sublime, certes, mais pas autant que ma rivière de diamants ! Regardez, admirez ! tenez, mettez au soleil et regarder ces reflets !

Alors que la dame tenait la parure dans sa main, il arriva ce qu’il devait arriver…

- Au voleur ! Au voleur !!

Seraphina sourit. C’était bien fait, il ne fallait pas exhiber de tels objets. De plus, tout le monde savait que le coin grouillait de voleurs, toujours prêts à profiter de la naïveté des nobles. Ces deux femmes en avaient fait l’expérience. La richesse attirait nombres d’ennuis. Comme les gens se faisaient voler, assassiner, parce qu’ils étaient riches, la plupart du temps…Pas qu’il valait mieux être pauvre, mais c’était préférable d’être dans la moyenne, plutôt…En y pensant, Seraphina se dit qu’il fallait qu’elle trouve quelqu’un qui aurait besoin de ses services de poète…Au pire, elle trouverait peut-être un contrat d’assassin ?Ou elle pourrait toujours faire comme certaines personnes ici : voler. Même si elle n’aimait pas ça, trop risqué…Il fallait réussir à voler sans se faire remarquer, et si on se faisait repérer, courir loin et vite, se cacher…vraiment pas pratique…Surtout avec l’habit qu’elle portait en ce moment. Cette robe de mariée était encombrante. Sublime certes, mais vraiment pas pratique. En plus, le blanc éclatant était maculé de terre et de sang. Il fallait qu’elle aille acheter d’autres habits au plus vite…Seraphina laissa échapper un soupir, plongée dans ses pensées, sa main jouant toujours avec l’eau. Elle se laissait bercer par le clapotis léger de l’or bleu, se demandant où sera sa prochaine destination…

Le bruit d'un carrosse vint à perturber l'atmosphère paisible dans laquelle la fontaine était emprisonnée. Le pas des cheveux résonnait sur les pierres brunes, dont les croissants répétitifs dessinaient la rue, semblable à une suite de grands arcs-de-cercle figés. Les roues tournants écrasaient les cailloux de leur poids, et laissaient échapper un bruit sourd et récurent, si familier aux arrivées des carrosses du haut monde. La voiture était noire. Recouverte de longs voiles bordant les portes. La cabine était ronde, grande et légèrement ondulée. Des motifs d'or ornaient les gonds des portes, et s'étendaient légèrement. Les roues étaient séparées, vers l'avant et l'arrière du carrosse, et le rejoignaient par des vagues de tuyaux sculptés, qui ondulaient, et s'enroulaient sur eux même, semblables à des racines travaillées. Soudain, la diligence s'immobilisait. Les valets s'affairaient à calmer les chevaux aux pelage noir et magnifique, tendis que l'un d'eux disposait un petit escalier au pied de la porte avant de l'ouvrir. Il tendait la main. Une autre vient s'appuyer à la sienne. Elle était parée des bagues d'argent, de granite ou encore d'or et de topazes. Une femme, aux courbes rondes et douce, sortait avec soin et élégance du carrosse rond. Sa robe noire tombait sur la crinoline, et témoignait de sa majesté. Une voile fin et transparent recouvrait ses cheveux d'un blond cendré. Elle descendait avec grâce et légèreté, et se dévoilait aux rayons du soleil. La princesse Ashenie De Sephren s'immobilisait près de l'escalier. Sortait à présent sa suivante, Béraude. Elles s'avançaient près de la fontaine aux dames. Ashenie observait deux nobliaudes se lamenter sur leur pauvre sort. Un élan de compassion emplissait ses yeux brillants. Elle aurait voulu rendre le sourire à cette gente haute et dédaigneuse. Elle semblait perdue dans ses songes. Elle avançait d'un pas incertain, frêle et souple, mais néanmoins mécanique sur la petite place. Elle longeait la fontaine, qu'elle en était venue à admirer dans ses songes. Elle regardait l'eau couler avec lenteur et délicatesse. Ses yeux suivaient les courbes des vases, des servantes, de la femme en marbre blanc. Elle se revoyait dans sa pièce de toilettes aux milles mirroir. Elle sentait des regards se poser sur ses miroir, dévoiler sa chaste nudité. Elle était muette, et semblait oublier la voix de Béraude qui commentait le récent vol. Elle sortait soudain de sa torpeur en heurtant une dame rêveuse parée de blanc tacheté. Elle trébucha, et reprit son équilibre quelque mètres plus loin. Béraude avait dors et déjà sorti l'une de ses dagues et la pointait vers l'inconnue. Ashenie balbutiait quelques excuses.
« - Oh vraiment, excusez moi, je suis confuse; je... »
Sa voix douce s'éleva en tremblant presque, sous l'effet de l'émotion, et du brusque retour à la réalité. Son visage fin arborait l'incompréhension. Elle gardait un ton doux et mélodieux au son de sa voix, et elle s'était redressée. Elle dévisageait la dame d'un air désolé... Elle réajustait sa robe et replaçait son voile d'une main, l'autre main refermée sur sa poitrine. Ses yeux cherchaient un signe sur le visage de l'inconnue.

« - Vous vous trouvez devant la princesse! Comment osez vous?! D'autres mériteraient la mort pour moins que ça.»
La voix de Béraude interrompait celle de la princesse. Elle était froide, et presque cruelle. Elle avait détaillé la robe tachée, les cheveux ondulés, noirs aux reflets bleutés. La peau blanche, Le rouge! Rouge.. elle n'éprouvait aucune confiance en cette dame. Elle la regardait fixement de ses yeux azurés. Son visage ne laissait transparaitre que l'émotion du débordement, et elle se contenait de ne pas laisser partir sa main. Jamais ne devait-on toucher la princesse devant elle, encore moins la faire tomber. Cette femme lui avait sauvé la vie! Elle méritait un respect franc et complet.
«- Qui êtes vous? Vous n'avez donc aucun respect? »Sa lame pointait le visage de la demoiselle, son bras tendu, droit, sous sa manche bouffante, n'attendait rien pour décrocher son cou. Sa voix était de plus en plus froide et embrasée. Autour, la place avait retourné ses yeux vers les trois femmes, désireux d'en connaître davantage...

Le soleil rayonnait de mille feu ce jour là, Le ciel se dévoilait dans toute sa splendeur contrastant avec les derniers jours qui n'étaient que pluie et brouillard.
Dame nature avait décidé de plaire au bonne gens ce jour là et elle avait bien fait.
Du moins pour Bianka. Perchée en haut d'une petite maisonnée, sur un toit rendut glissant par la rosée et la pluie des derniers jours mais qui, toute fois, avait une vue imprenable sur tout l'étendue du marchée en contre bas, la jeune femme observait les passants du haut de son perchoir. L'un était sale et mal habillé, il inspirait toute la pauvreté de cette ville. Ces gents là n'interessait aucunement la convoitise de la jeune voleuse. Elle poussat un soupir de lassitude. Elle était surement trop loin de la place du marché pour rencontrer des gents noble ou des gentilhommes, au du moins le pensait t'elle puisque personne d'assez richement vétue à son goût n'étaient passés dans cette ruelle.

La jeune femme se levat de son perchoir, dévoilant sa gracieuse silhouette féline rendut souple par toutes les escapades de son dangereux métier. Ses longs cheuveux rouges attaché en queue haute se soulevaient par intervalle régulier suivant les caprices de la douce brise qui recouvrait la ville.
La place du marché n'était qu'a quelques mètres de son point d'observage, elle regardait avec malice le petit marché qui s'étendait sur la place. Pour une fois elle espérait sortir de se marché brodée comme une princesse avec tout les somptueux bijoux qui l'atendait.
Les bijoux, la jeune femme en avait fais sa drogue.
Sans atendre une seconde de plus, Bianka s'élançat. Ombre félinde sautant de toit en toit en direction d'un butin qu'elle espérait gros.

Bianka retombat avec souplesse sur le toit d'une maisonnée servant d'atelier à un vieux forgeron. Le bruit se fesait plus marquant à l'endroit où elle était. Mélange de pas, de parole et de roue de carrosse. Il n'y avait aucun doute. La voleuse se trouvait dans l'un des toits de la rue qui surplombait l'ensemble de la place du marché. La voleuse à l'habit rouge traversat le toit dans le plus silencieux des pas, une conversation l'avait attiré dans cette partie du grand marché.
Deux gentes Dames de la haute noblesse, toutes habillées de robes soiyeuses et brodées de somptueux bijoux se vantaient de leurs biens.
Elles se présentaient avec de magnifiques colliers tout fait de saphirs, d'or et de diamants. Autant dire, tout ce qui fallait pour attisait la convoitise d'un voleur tel qui soit. Mais encore plus pour Bianka.

La voleuse détalliait les dames comme l'aurait fait une proie atendant le bon moment pour tuer sa victime. Sans un bruit elle se penchant sur le toit juste au dessus de l'une des dames qui montrait fièrement sa rivière de diamants. Bianka sortit un petit file quasit transparent au soleil et accrochat au bout de la fine cordelette un petit ameçon. Le tout fonctionnait presque de la même manière qu'une canne à pèche mais celle ci ne servait pas à pecher le poisson.

D'un geste expert, le voleuse lançat le bout de l'ameçon en bas du toit sur les mains de la dame au moment où celle ci fesait luire le beau bijou au soleil. Le petit ameçon s'accrochat tout naturellement à la rivière de diamants et Bianka tirat.
En une fraction de seconde, le colliers avait changé de propriètaire.

On entendait en bas, au voleur ! au voleur ! Le voleur ou plutôt la voleuse en question n'écoutait déjà plus ces criard, elle admirait le magnifique collier devenue sien au moment ou elle l'avait attrapé.
Un bruit la fit sortir de sa rèverie. Elle touurnat de l'oeil et regardat le centre de la place. Une fontaine dominait le rassemblement. Mais ce n'était pas la fontaine quoi que magnifique qui avait attiré tout ce monde. Là au centre du rassemblement, une femme d'apparence guerrière menaçait d'une dague une autre femme au long cheuveux noir tout de blanc vétue. La vue des voleurs était connus pout ètre des plus fine, et c'est sans aucun mal que Bianka vut les prunelles rouge de la menacée. Une aute femme se tenait devant l'étrange femme aux yeux rouge. Elle avait tout l'air d'une princesse, richement vétue, bijoux en or, geste gracieux...Mais que c'était t'il donc bien passer ?

Seraphina fut sortie de ses songes assez rapidement. Involontairement, elle avait fait trébucher quelqu’un. Qui était-ce donc ? Un parfum raffiné, couvrant légèrement l’odeur d’une femme. Pas vraiment une femme, elle était encore jeune apparemment. Elle balbutia quelques excuses. Sa voix ébranla Seraphina. Jamais elle n’avait entendu une voix si douce, si innocente…La jeune nécromancienne en fut désarçonnée. Mais ça ne dura qu’un court instant, interrompu par une autre femme. Apparemment, elle devait être amie avec celle qu’elle disait princesse…Ou bien garde du corps plutôt…Elle avait dégainé une dague, apparemment. Seraphina tourna ses yeux aveugles vers l’endroit où elle pensait que ce trouvait cette dame. Le regard de Seraphina était franc, sérieux, surmonté de ses fins sourcils légèrement froncés. Sa bouche n’esquissa même pas un sourire narquois, pour une fois, même si elle en avait au fond envie. Sérieusement, aussi froidement que l’inconnue menaçante :

- Pardonnez si j’ai commis une impudence envers…La princesse, mais je ne l’ai pas vue…

Le visage de Seraphina restait vide de toute émotion. Il restait de marbre, comme celui des statues qui se trouvaient derrière elle. Elle se leva, étant assise sur le bord de la fontaine, la main encore trempée d’eau, puis avança d’un pas en direction de l’inconnue qui lui avait demandé de décliner son identité :

- Qui je suis ? Hé bien, je ne sais pas en quoi cela vous sera utile, mais enfin, si vous le voulez, je vais vous le dire…Je me nomme Seraphina Lamia. Cela suffit à dire qui je suis. Je ne suis rien d’autre que ce nom...

Elle laissa un petit silence, avant de reprendre, la voix toujours neutre, sans aucune trace de moquerie ou d’ironie :

- Quand au respect, j’en ai à condition qu’on en aie à mon égard. Je ne dis pas que la princesse aie été irrespectueuse, bien au contraire…Je parle de vous… Menacer ainsi avec une dague quelqu’un qui n’est même pas armé…Je trouve que c’est lâche, mais enfin…Si vous voulez, tuez moi. Je n’attends rien d’autre de la vie…

Seraphina avança encore, jusqu’à ce que la lame de l’inconnue vint luifrôler la gorge. La jeune femme tendit presque le cou, la pointe s’enfonça un peu, faisant sortir un filament de sang qui coula lentement sur la clavicule et qui alla finalement se perdre dans le tissus blanc. Les yeux aveugles de Seraphina brillaient d’un air inquiétant, avec une intensité rare. Tout ce qu’elle avait dit elle le pensait. Il restait à voir si l’autre femme allait la tuer. La nécromancienne savait qu’elle oserait facilement. Et si elle le faisait, qu’est-ce qui arriverait ? Seraphina se viderait de son sang, une plaie béante à la gorge, elle s’écroulerait lentement puis tombera par terre, dans la poussière, aux yeux de tous, les siens grand ouverts, rouges comme le liquide vital qui formera une auréole autour de sa tête, quand son cœur arrêtera de battre. Et cela ne sera pas plus mal. Sa vie n’avait pas été superbe. Rien qui ne soit valable d’être vécu. Et de toute façon, la mort viendra un jour. Plus tôt ou plus tard, quelle importance après tout ? D’un coté, c’était ironique…Elle, qui avait tant fait d’expériences sur des morts, elle allait en devenir un…Elle qui avait réussi à réussi à faire revivre un mort, devenu immortel, elle allait mourir. Et ça lui faisait presque plaisir. Enfin elle aurait la paix. Jamais plus elle n’aurait à se soucier de tout les inconvénients de la vie…Et si l’inconnue ne la tuait pas, Seraphina, dans l’euphorie mentale dans laquelle elle se trouvait, se tuerait peut-être elle même…

Les songes de la princesse s'étaient refermés sur la lumière soudaine de l'événement. Elle regardait dans les éclats brisés de ses yeux émus, qui réfléchissaient au ciel l'émotion étouffée que l'émergence rapide de l'action avait éconduite. Ses yeux dépareillés luisaient avec douceur sous la lueur d'un bel astre étincelant surplombant les vies. Ils étaient semblables aux fleurs célestes sous la rosée matinale, gisant sur le voile nuptiale d'une aurore boréal, sous les mystérieux rayons feutrés de l'astre nocturne gracieusement suspendu sur le front astral. Son visage se peignait sous les effluves des paroles échangées, et son esprit s'envolait par delà les circonstances, décelant la tragédie colérique et inutile qui s'annonçait sur l'horizon, rouge. L'éclat écarlate mouillait les gouttes d'une pluie fine, dont les nuages embrument les yeux de la princesse, d'une teinte sanguine, filée d'aiguilles aiguisées et dangereuses, pointant deux gouttes de sang dans l'étang d'un grand tourment. Elle se sentait aspirée par l'amertume douloureuse du psyché tragique, de l'élaboration d'un avenir sombre: déficient torturique de l'âme pure. Les corps échoués, conteneurs des âmes en peine, dont la blancheur innocente était entachée de gouttes noires et rouges se dessinant devant ses yeux. Elle admirait, dans une passivité presque éclose, l'ascension de la tension au cœur des deux dames, face à face. Ashenie sombrait dans une longue attraction semblable à la descente lente et psychédélique d'une transe lourde et horrifiante. Ses bras fendaient la tension dans un moindre mouvement d'une pacification douce. Avec une force frêle et non-appuyée, elle tentait avec désespoir et conviction d'abaisser le bras tendu de la servante exaltée. Sa main lisse se posait avec délicatesse sur le poignet de l'agresseur, et elle enlaçait sa dame, avec une tendresse légère, presque volante. Elle s'était avencée, dans sa robe noire et longue, majestueuse. Elle se tenait droite malgré tout. Ses yeux parcouraient la rigidité colérique de sa suivante. Ils se perdaient dans l'incompréhension de la fermeté. Ses lèvres, encore closes, laissaient transparaître cette sublime étincelle luisante et tendre, qui ravirait les fantasme de la gente masculine à tout âge. Elle cherchait de ses yeux de rosée le regard froid de Béraude. Elle plongeait lentement dans les abysses infinies et révélatrices du regard. Elle le soutenait avec conviction, comme portée par les ailes des anges de compassion, et des plumes blanches l'entrainaient vers les cieux saints.
« - Non... avait elle prononcé avec calme et innocence. Sa voix aigüe et douce avait pris une ampleur tendre et avenante, comme pour inciter le barbarisme à suivre la voix de l'indulgence.
Le chemin dans lequel vous vous engagez est aveugle et dénué d'intelligence. Il serait inutile que la violence paie grassement la maladresse... Cette pauvre femme n'a commis l'erreur que de se trouver ici... et le tord n'en reviens qu'a moi d'avoir été distraite par de futiles pensée accablantes. Non... Baissez votre arme et tentez d'apaiser les maux qui tourmentent votre corps, cette dame ne mérite nullement un tel sort, comme chacun de nous. Prêtez donc votre indulgence à l'innocence, et laissez les coupables actes aux péchés des agresseurs.»
Sa voix avait longuement raisonné entre ses lèvres, et cherchait à atteindre l'apaisement des préjugés par la diplomatie douce. Elle s'était retournée vers la jeune femme, et la dévisageait à présent. Ses yeux parcouraient ses traits et se posaient sur son regard presque immobile. Ses yeux rouges marquaient la princesse d'une étrange sensation, relevant de la rareté de la couleur. Son immobilité laissait perplexe, et elle semblait rester froide à l'animation qui avait lieu devant son regard. Ils étaient déstabilisants. Sans doutes les horreurs y avaient tant défilé que son émotivité n'était plus si fragile qu'autrefois. Ashenie s'inclinait dans une révérence noble, et reprenait avec un sourire tendre sur les lèvres:
« - Veuillez m'excuser, mademoiselle, pour le trouble que j'ai pu vous causer. Il est clair que mes faux pas m'ont amenés à perdre l'équilibre, mais en aucun cas vous ne devriez être impliquée dans ce regrettable incident. Ma suivante s'est montré d'une violence irréfléchie et directe, mais pardonnez lui je vous prie; il est aussi de son devoir de veiller à ma protection et d'anticiper les offenses. Aussi, veuillez accepter mes excuses pour la hâte avec laquelle elle a pu vous juger... Mais dites moi, comment vous êtes vous retrouvée dans un tel état?»
La princesse avait laissé un ton d'inquiétude dans sa voix, qui s'enlaçait à la douceur et au respect franc. Elle avait détaillé les vêtements de la jeune femme, et éprouvait une certaine compassion à son égard... La culpabilité la tenait fermement encore.

Béraude avait écouté longuement les paroles de sa maîtresse. Ses traits s'étaient déridés sous les directives qu'elle avait décelé au fil de la tirade. Elle gardait une certaine perplexité quant à la demoiselle qui se tenait devant elle. Cette saleté, ce rouge l'obsédaient. Le rouge était trop apparent, et elle cherchait sa signification dans ses pensées enflammées. Elle semblait toutefois suivre la voix douce de sa maîtresse, se délecter de l'entendre saine, et si elle avait pu se laisser à un accès de colère sous l'impulsivité de la scène parue sous son regard, elle se désaltérait de se laisser convaincre d'épargner la femme. Cette dernière semblait cependant augmenter la tension par son discourt. Béraude observait, aux aguets. Elle ne quittait pas des yeux Séraphina Lamia, et ne démordait pas de sa conviction méfiante. Si ses traits n'arboraient plus cette rigidité froide, elle se gardait tout de même de se livrer comme y procédait sa maîtresse. Elle serrait sa dague avec fermeté, et se tenait prête à lever la main si la moindre folie se manifestait chez la jeune femme. Ses yeux azurs perçaient le visage de son interlocutrice d'un regard glacé et ternit. Elle tournait sa tête, regardant la princesse faire preuve de courtoisie. Béraude semblait déconcertée par la naïveté qui animait sa maîtresse, et restait sur ses gardes, prête à bondir à tout moment. Sa deuxieme main était refermée sur sa seconde dague. Un seul faux pas, et le sang irait finir de colorer sa robe d'un écarlate sombre...

Reyan était sorti de la taverne quelques minutes plus tôt et avait pris comme destination la caserne la plus proche et ainsi commencer un contrat pour le Centre de Justice. Il connaissait la position des casernes d'Askant presque par cœur, à force d'effectuer des contrats...

Il était à présent arrivé sur une place d'assez bonne taille. Place qu'il connaissait bien puisque la maison qu'il louait se trouvait ici, à l'opposé d'où il était actuellement... Il constata dès son entré sur les lieux que quelque chose d'inhabituel s'y déroulait. Il y avait toujours du monde ici, cet endroit était un lieu de passage et de ce fait très fréquenté, mais les gens ne se réunissait habituellement pas en cercle... La conclusion était simple, il se déroulait quelque chose au milieu de ce cercle de badauds et généralement, ce qui attire les foules ainsi, ce sont les combats...
Reyan se fraya un chemin parmi la foule, pour se rapprocher assez près afin de voir ce qui attirait ainsi la curiosité de la populace. Reyan regarda brièvement la scène avant de reporter son attention sur les personnes présentes...
Trois femmes étaient au milieu de ce cercle, la scène était plutôt étrange, une femme portant une robe de mariée et aux yeux rouges était menacé d'un couteau sur la gorge par la seconde. Celle-ci était de dos, Reyan ne pouvait donc pas voir de qui il s'agissait... Néanmoins, elle semblait belle... Mais la dernière, qui tentait apparemment de raisonner la seconde était vraiment d'une beauté inouïe... (Ce qui était peu dire, Reyan avait l'habitude de fréquenter de jolies femmes...) Reyan la contempla un bon moment, un sourire aux lèvres. Néanmoins, vu ses habits, et rien que son maintien, elle devait être d'une classe social très élevé... Trop pour être courtisé sans dangers se dit Reyan...
A part cela, il n'y avait pas grand chose d'intéressant, c'était une scène de dispute comme il y en avait tant, à ceci près que celle ci semblait s'être un peu envenimée... Reyan décida de rester ne serait ce que pour voir la conclusion de tout cela, et surtout pour pouvoir continuer à admirer les courbes généreuse des femmes présentes... Il demanda à son voisin la cause de cette altercation.

- La femme en blanc à percuté la princesse, sa suivante n'a pas apprécier cela et vous voyez le résultat...

- La princesse dites-vous ?

- Et bien oui ! La princesse Ashenie de Sephren ! D'où sortez vous pour ne pas savoir qui elle est ?

- De l'académie militaire...

Et comme pour confirmer son dire, Reyan posa sa main sur la garde de son épée. Le geste n'échappa pas à l'homme, qui regarda alors Reyan avec gêne...

- Ce n'était pas dit méchamment mon bon monsieur, j'étais juste surpris, je pensais que tout le monde savait qui était la princesse...

- Bien évidemment... Je vous remercie de m'avoir informé sur cette personne...

Reyan lui jeta un regard antipathique. L'homme le regarda, avant de s'éloigner de quelques mètres. Reyan sourit et reporta son attention sur ce qui était vraiment intéressant. La belle Ashenie de Sephren...

Les clameurs chuchotantes s'élevaient dans le petit théâtre de la place remplie. Les têtes s'élevaient les unes par dessus les autres pour contempler les actes déroutants ou enchanteurs des trois dames au centre. La dague s'était doucement abaissée, mais la rigidité du poignet de la suivante avait gardé toute sa méfiance, et se durcissait au son berceur des simples murmures dispersés, dont l'éclat arrivait aux oreilles de la princesse.

«- Quoi? Mais qu'est ce que tu m'veux encore?» Une voix raque, et grave s'élevait par delà le cercle fermé.
«-T'en pas pas marre de m'suivre partout? Tu veux pas m'fiche la paix pour une fois? Non mais... C'est comme les gobelins, ça grouille et ça suit l'air hébété, le sourire dans la poche! Bah, Oui, je suis célèbre! Mais bon.. inutile de venir me cajoler pour de quelconques faveurs esprit échaudé! Y'a bien longtemps que j'ai arrêté!»
Une naine rousse s'avançait dans la foule, et écartait de ses bras potelés les quelques grandes personnes qui entravaient son chemin. Elle ruminait ses paroles avec un léger accent qui lui restait propre.

«- Mais poussez vous! Vous n'voyez pas qu'vous gênez le passage grande perche!» criait elle à l'égard d'un homme blond, qui fixait les trois demoiselle. Sans plus attendre, elle passait outre, le bousculant d'un violent coup d'épaule. Soudain elle s'arrêta, et regardait avec interet le déroulement du conflit, aux premières loges.

«- Oh! Encore ces demoiselles frivoles qui ont un problème de jupon! Bah elles n'arrêterons jamais.. Toujours un vernit déplacé, et ça joue les coquine effarouchées en plus! Ça... j'y peux rien! M'enfin, Mon brave monsieur! Oui vous! Que se passe t'il ici? On n'peut donc plus faire ses achats tranquillement? Oui oui, je suis naine! Et alors.. Par Tempus, que vous êtes impoli! Ah la princesse vous dites. Elle n'arrête pas de s'envenimer dans les coups fourrés celle là.. Pour Sûr! Mais puisque j'vous l'dit. Ne me regardez pas comme ça... m'enfin, à ce qu'on dit... Elle aurait plaisir à provoquer certain incidents pour fricoter avec les gardes... Oui! Je n'mens pas! M'enfin vous savez..Il y a aussi... ».

Les voiles attaché symétriquement sur la robe de la princesse virevoltaient légèrement au gré du vent, donnant cet aspect dansant. Le noir de jais de sa robe étincelait sous la lumière du jour. Ses multiples mèches ondulées, tombant le long de son dos, se balançaient gracieusement. Elle semblait charmer la braise par ses courbes enchanteresses et mouvantes, dont la rondeur annonçait cette perfection antique, qui demeurait le symbole féminin, tant il manquait de rigidité. Son visage circulaire se tournait lentement vers sa suivante. Ses yeux luisants, comme deux océans colorés, imploraient la tendresse, et la clémence. Ses lèvre lentement laissaient échapper sa voix douce, et ingénue:
« - Allons Béraude.. Maitrisez vous, cette femme ne vous veut aucun mal, pas plus qu'a moi, et mon honneur n'est en aucun cas entaché. J'implore votre pardon pour le salut de cette demoiselle. Sa main se posait délicatement sur l'épaule de la suivante. Ashenie murmurait doucement à présent. Faites moi confiance.»Son regard se posait en face d'elle, elle découvrait la gente intéressée, et n'avait remarqué à aucun moment leur apparition. Son visage ingénue prenait une forme incomprise. Ses yeux se plissaient légèrement, accentuant un air féminin des plus séducteurs. Ses lèvres de rosée s'étaient refermées avec délicatesse . Elle parcourait les têtes, et restait quelques instant devant cette naine rousse. Elle était animée de grand gestes, et sa voix s'élevait fortement.
«- D'ailleurs ou est donc caché ce capitaine, parce que je ne sais pas si vous le savez! Mais cet homme osa porter sa main jusqu'à....»
Les yeux de la princesse avaient continué leur trajectoire parabolique avec toute la lenteur de l'incompréhension. Tous les yeux étaient rivés sur le lieu d'action, dont elle semblait être le coeur. Sa main se portait doucement à ses cheveux blonds, et sculptés; d'une luisance ternie par endroit par les ombres Iliths. Les visages différaient, et le bas peuple se reconnaissait dans ce rassemblement. La singularité des gens, les langues tournantes et lancinantes proliférant les avis basique et sans la moindre envergure. Son regard s'arrêta sur celui d'un jeune homme blond, les traits fins. Ses yeux jetaient des braises tendres, et étincelaient à la lueur du jour. Ils semblaient à une spirale longue, dans laquelle le regard captivé de la princesse plongeait. Il dominait tant de sa carrure imposante et travaillée que de sa taille impressionnante. Elle avait légèrement levé la tête, et parcourais à présent le visage du jeune homme, pourtant visiblement plus mature qu'elle, tant l'expérience avait forgé ses traits. Il gardait cette stature noble, et contrastait avec le bas peuple semé autour de lui. Ses cheveux blonds tombaient habilement sur ton visage et recouvrait une boucle d'oreille luisante, accrochée à son oreille gauche, découverte par les brises répétées. Ses lèvres fines sculptaient son visage d'apollon, et laissent transparaitre une impression de beauté apparente. Une longue cape arpentait ses épaules, et disparaissait derrière lui, dans la foule de gens amassés. Elle couvrait ses épaules larges, son torse sculpté, revêtis de vêtement d'une certaine noblesse. Elle relevait ses yeux vers ceux de Reyan, et fondait dans la distorsion de l'abime azurée...
La naine s'éclipsait par le même chemin d'où elle était arrivée, et passant près du bellâtre, avançait son épaule avec force, dans l'espoir de faucher sa jambe. «- On ne badigeonne pas avec la Rampiette, c'est moi qui l'dit grande perche!»

Seraphina n’avait rien dit d’autre. Il n’y avait rien à dire. Elle était presque déçue. Déçue de n’avoir pas été tuée. Déçue d’être vivante. Déçue de la vie. Ses narines frémirent légèrement dans un infime soupire. Peut-être était-ce mieux comme ça après tout…Qui sait si la mort était en fin de compte moins bien que la vie ? Non, impossible. La mort était sans aucun doute bien plus bénéfique. En tout cas pour Seraphina. Au point où elle en était, rien ne pouvait être pire que ce qu’elle vivait…Elle écoutait avec attention ce que disait la princesse, se disant que cette femme devait vraiment être gentille, droite. Peut-être même un peu trop…Se leurrait-elle ? pensait-elle que la vie était belle ? Savait-elle que les gens ne sont pas tous gentils et innocents ? Le monde est cruel, et il faut vite le savoir. Si l’on se berce d’illusions, on ne peut survivre comme il faut. Les gens abuseront facilement de votre naïveté…Manger, ou être mangé. C’est ça. Tout à fait. Il y a les proies, et les prédateurs. Pendant des années, on est persuadés d’être d’une des deux catégories, mais soudain, on peut s’apercevoir que l’on avait tord…Ou parfois, que les rôles se sont inversés. Peut à peu, le regard si flamboyant de Seraphina devint plus doux, moins intense. Il était étrange de voir des sentiments défiler dans ces yeux, alors qu’ils étaient pourtant si vides…La princesse s’excusait, et excusait en même temps sa suivante. Elle lui demanda aussi comment elle s’était retrouvée dans cet état…La jeune nécromancienne ne répondit pas tout de suite. Elle soupira et dit :

- Comment ? C’est bien simple pourtant…Tout cela à cause de la bêtise humaine, l’étroitesse d’esprit, la suspicion, la méfiance ! Aucun autre peuple n’est plus étriqué que les humains…Je ne faisais rien de mal, je marchais tranquillement, j’errais comme à mon habitude, réfléchissant à ma prochaine destination quand - était-ce à cause de mes yeux rouges ? de ma peau pâle ? Je n’en sais rien…- l’on m’interpela. Il me semblait que c’était des membres d’un cercle religieux. Des moines, paladins peut-être…Ils me prirent pour une nécromancienne. Malgré mes protestations, mais sans que je ne puisse répliquer comme il se devait, l’on se saisit de moi. L’on me bâillonna et quelqu’un m’attacha les mains dans les dos, la chaine descendant à mes mollets et les liants eux aussi. Ainsi, je ne pouvais faire un pas, ni un geste. Mais je devais pourtant les suivre dans leur repère. Alors, pour me faire avancer, l’on me poussait brusquement. Je tombais à genou, mais ils me brusquaient encore pour que j’avance. Je fis donc le trajet à genou, rampant parfois, tandis que l’on me trainait par mes liens, comme l’on tiendrait un simple animal. Enfin l’on arriva dans une sorte de monastère. On me mena dans une pièce et l’on me déshabilla contre mon gré. Je devais toujours rester à genou. Pendant des heures un prêtre fit des prières, des rites, récitant dans une langue inconnue des flots de paroles insipides. J’imagine que ce devait être pour me désenvouter, m’exorciser…Quand il eut finit sa litanie, on enleva mes entraves et me débâillonna. Etait-ce enfin la liberté ? Bien sûr que non… D’autres bien plus costauds vinrent me reprendre et m’emmener dans une autre pièce où l’on me battit, tortura. Quand je fut à bout de force, ne pouvant plus crier, pleurer, me révolter, je fut vêtue de cette robe. D’après ce que j’ai cru comprendre, c’était une robe de mariée, pour achever de me purifier comme ils disaient. Comme j’étais trop épuisée pour me mouvoir, l’on me traina dehors, puis je fus enterrée vivante, avec toutes mes affaires…

Elle se tu. Elle préféra ne pas dévoiler comment elle s’en était sortie si on ne le lui demandait pas. Si hélas on lui posait la question, elle aurait au moins un peu le temps de réfléchir. Elle ne pouvait pas dire que c’était un homme qu’elle avait utilisé pour une expérience qui était mort et qui était revenu à la vie en devenant un vampire…Bah, elle saurait de toute façon inventer une histoire, elle n’a qu’à dire qu’un tiers a vu la scène et l’a aidée…La nécromancienne fut satisfaite et se concentra sur l’environnement. Il y avait de la foule…Beaucoup de gens. Elle trouvait ça méprisable. La fascination des gens pour la douleur des autres, pour la bizarrerie,…La moindre petite incartade pouvait être sujet d’une attention incroyable. Quel beau petit théâtre devaient-elles former ! Elle entendait des gens demander ce qui se passait, d’autres qui s’inquiétaient, certaines méprisaient. Toutes ces voix confuses…Trop de bruit. Trop de regards braqués sur elle. Parfois il lui arrivait d’apprécier ça. Mais là, elle en était dérangée. Une voix en particulier l’agaçait. Elle était criarde, vive, forte. On y sentait trop d’assurance, de supériorité. Le timbre lui dit que c’était une naine. Quand à ce qu’elle racontait, Seraphina décida de n’y prêter attention, réfléchissant à nouveau à ce qu’elle avait dit. C’était bien vrai. Les humains étaient des créatures affreuses. Elle avait pourtant à peine sorti son tarot…Humpf. Elle se souvint quand elle était dans le royaume d’Hazad…Les gens avaient été fascinés par elle et son art de divination, la cartomancie, son tarot. Des femmes venaient par groupes entiers pour savoir leur avenir grâce à cette jeune femme si étrange, à la peau tellement blanche ! Mais à Askant…A peine avait elle sorti son jeu de cartes…Et on la traitait de sorcière, d’immondice, d’aberration, de nécromancienne ! Certes, c’était peut-être vrai…Et s’ils l’avaient vu en train de faire une de ses expérience sur des cadavres, de quoi l’auraient-elles traitée ? De rien qui ne différerait ! Tout à fait pareillement ! Humpf. La jeune femme fut soudainement remplie d’amertume. Elle se dit qu’elle voulait au plus vite partir d’ici, rester seule. En ce moment, elle aurait préféré passer inaperçu. Hé bien, de toute façon on l’aurait remarquée, vêtue ainsi. Puis lui vint une question à l’esprit. Tellement claire. Elle aurait du demander ça avant, sans doute :

- Pourrais-je savoir qui vous êtes ?

Oui, ça l’intriguait. Princesse avait-on dit ? Elle pensa avec ironie que c’était un véritable honneur d’avoir faillit faire tomber accidentellement la princesse et d’avoir faillit se faire trancher la gorge par sa suivante ! Princesse ! Peuh ! Peu de gens méritaient ce titre ! Etre noble par le sang, c’était trop facile. Il fallait le mériter. C’était du moins ce que pensait Seraphina. Elle n’émettait aucun jugement envers son interlocutrice, car peut-être que son rang était mérité, mais c’était tout de même l’opinion qu’elle se faisait de la royauté et des trucs de ce genre.

Le regard d'Ashenie avait été arrachée à la vision de l'apollon, sous la voix au caractère froid, et beau de la mariée tachetée. Ses yeux avaient abandonné leur instante perdition, si délectable par moment. Ses songes avaient revisité les rêves tourmenteurs. Elle était parvenue à l'apogée des étoiles, tant l'éclat avait luit dans les yeux de son partenaire badaud; elle s'était confondue fée, au milieu d'un lac azuré, et la noyade avait été proche. Intoxiquée par la subtilité de son regard, elle avait répondu à l'intrigue envoutante par une simple curiosité naïve. Le son d'une voix avaient cependant ramené la réalité au flou de la foule interrogatrice. Elle avait écouté chaque mot, et ses yeux avaient suivi les moindres traces émotives du visage de l'interlocutrice. Sa main étaient tombée avec légèreté du poignet de la suivante. Elle s'était portée à son cœur, roulant les tambour du désespoir. La tragédie lui était contée avec détail, mais dans un ton froid et déstabilisant. L'escalade émotive s'était poursuivie jusqu'à atteindre l'éclat total. Une volée de pluie brumeuse et aiguisée avait traversé ses yeux. Elle avait entendu le bruit des chaines, des cris, le rythme des coups, des refrains incantatoires. Son regard s'était lentement plongé dans l'atroce abîme du tableau dépeint par les dires de Séraphina Lamia. Elle était aspirée par son passé. Lentement, la cathédrale s'était dessinée, son intérieur, sa tour, ses tourments. Les voiles penseurs cachaient encore mal la dure réalité qui s'y déroulait toujours. Soeur Bonté lui réapparaissaient dans son éducation stricte et droite. Elle se noyait dans l'infâme supplice du souvenir. Sa main s'était serrée sur elle même. Ses yeux étaient mouillés d'un océan simple, et doux, pourtant si insupportable lorsqu'il altère les traits fins de la demoiselle en une pitié grandissante, en un étau trop émus, submergeant par delà les rivages l'émotivité naturelle. Sa voix criait, tapie dans le silence, l'injustice muette dont avait été victime cette pauvre femme. Pourtant... ses yeux parlaient de sens, et murmuraient tout le bien du destin qui sommeille en chacune des actions. Elle se convainquait que le vie était un aléas bénéfique, dont on retirais une part de bien être à tout épreuve. Malgré son idéal tendu vers le ciel, son cœur plaignait la déplorable situation de la jeune femme, et priait sa raison à l'indulgence et la compassion. Une robe... une bourse... une aide! Machinalement, ses doigts avaient défait, dans les plis de sa robe, une bourse de soie pourpre, qui tintait doucement. Elle tendait sa main vers l'ôte de son royaume.
« - Vous ne pouvez pas rester avec cette camisole du passé. Je vous prie d'accepter mon aide, prenez ceci.. il vous aidera à repartir d'un autre regard. Certes c'est bien peu de valeur, et quelques pièces n'offrent pas un bonheur certain... mais, dans ma grande peine, je ne peux vous laisser attachée à ces atrocités qui vous ont été imposées. Mon esprit se refuse à votre tourment. J'ose espérer qu'une nouvelle tenue pourrait satisfaire le destin de vous être plus favorable. Je ne pourrais le supporter autrement. Il serait injuste que la vie s'acharne... Un simple sourire de la vie vous octroierait un monde différent, j'en suis persuadée. Mais votre accoutrement ne vous plongerait que dans une spirale infernale, et je...»
Sa voix si douce, tendre et ingénue, avait prononcé ces paroles avec compassion et conviction. Elle avait ouvert son cœur à la réalité illusoire. Cependant, elle s'était interrompue dans un sanglot retenue. L'ascension d'un ton émotif sur la dernière de ses phrase s'était faite ressentir. Elle reprenait avec calme, après un léger soupir maintenu.
« J'ose espérer que vous l'accepterez, je ne suis disposée qu'a vous aider, sans autre conviction...»
la bourse avait été délicatement déposée dans la paume de l'interlocutrice. Les deux mains de la princesse s'étaient refermées à la manière d'un coquillage protégeant une perle nacrée, avant de s'effacer avec douceur. Son regard brillait du feu de l'indignation, et de la compassion vive. Les larmes de couleur perlaient sur le coin de ses yeux.. avant de disparaître sous le maintient. Elle reprenait tendrement.
« Je me nomme Ashenie De Sephren... si cela peut satisfaire votre curiosité.»
Un léger sourire chaleureux était venu décorer son visage doux et rond. Comme si la réponse lui semblait d'une étrange simplicité, sa voix l'avait entrepris avec la même franchise et la même douceur qu'elle conserve habituellement dans toutes circonstances.
« Je vous présente une fois de plus mes plus sincères excuses quant au léger incident survenu. J'ose espérer ne pas vous avoir trop causé de peine...»
Elle avait murmuré ces quelques paroles d'un air humble et incertain. Sa voix tremblait un peu sous la soudaine confusions. Ses yeux s'étaient figé sur le sol, après une rude intervention émotive...

La Béraude avait écouté avec attention, elle aussi, le discourt plaintif de la demoiselle maladroite. Elle restait stoïque, froide et impassible. Etaler la misère d'une telle manière était digne d'un chien, non d'une dame. Ou peut être était-ce l'inverse. Les dames du monde étaient finalement pire que les chiens, perdues dans les complaintes nuits et jour. Mais enfin, qu'y pouvait-elle? Elle se contentait de se taire, aux aguet; car au moindre mouvement suspect, la chasse était ouverte! Et elle n'aurait pas eu de mal à justifier son crime, non! Les nonnes seraient de toute façon intervenues, accusant à tord ou a raison la sorcellerie dans cette âme. Elle gardait cependant une certaine admiration pour la princesse De Sephren. Son dévouement, son cœur d'or prônant cet idéal vainqueur... comment pouvait elle véhiculer les illusions à un tel point. Pourtant, elle n'avait pas l'air aveugle, mais son discourt si franc était mouillé d'une émotion juste, d'un geste tendre. Elle n'aurai pas été capable elle même d'une telle chose. Elle se contentait d'écouter avant de ponctuer, à la fin de son discourt ému:
« Princesse Ashenie de Sephren» d'une voix directe posée, et semblable à un claquement de fouet, reprenant les dires de la princesse. Sa main s'était posée sur ses courbes déhanchées, rappelant un étrange passé enfouit.

Reyan regarda la naine qui avait osé le bousculer. Décidemment, elle ne manquait pas de caractère... Reyan décida de passer outre, il n'avait pas envie de se disputer avec une tel personne. Ce serait perdre du temps inutilement... La princesse Ashenie était un spectacle largement plus intéressant... Il continua à la contempler, ne se lassant pas de ses courbes généreuses... A vrai dire, il avait déjà vu de nombreuses femme très belle (souvent intimement...), mais celle ci les surpassait toutes...

Il poussa un soupir. De par son rang de princesse, la courtiser serait une folie. Il n'avait pas envie d'être pourchassé par la garde par la suite... Mais bon après, si l'occasion se présentait, on ne savait jamais....

Il réfléchit un moment. Il ne se reconnaissait plus là. Il aimait le danger ! Ainsi que les jolies femmes... Plus une conquête était difficile, plus il en était fier et satisfait. On lui résistait rarement à vrai dire quand il se mettait en chasse...

Il reprit ses esprits et reporta son attention sur la scène présente au milieu du cercle. Il vit que la princesse avait le regard tourné vers lui et semblait le fixer intensément... Il remarqua alors que ses yeux étaient de différentes couleur. Chose étrange et rare, mais néanmoins agréable...

Reyan soutint son regard et lui dédia son plus beau sourire. Si la princesse ne se situait pas au milieu d'un cercle de badaud et si sa garde du corps n'était pas aussi hargneuse, il serait aller volontier la courtiser un peu...
C'est alors que la naine tenta de ressortir de la foule, tentant de faire tomber Reyan au passage... Celui ci encaissa le coup et se retourna pour la regarder s'éloigner, furieux et se retenant de lui lancer quelques insultes...

La princesse reporta son attention sur la scéne et Reyan en fit autant. Quoi que ça commençait à devenir lassant. Il promena son regard sur les alentours avant d'apercevoir quelque chose... Il cru souffrir d'une hallucination... Une personne aux cheveux rouges étaient présente sur un toit, un peu plus loin... Et cette personne ressemblait beaucoup à une femme aux cheveux rouges qu'il avait rencontré à Sol'Dor, il y avait plusieurs mois de cela... Trop pour ne pas être cette même personne... Elle était entrain de partir quand Reyan l'apperçu, le temps qu'il fasse cette conclusion, elle était hors de vue. Ou tout simplement, mieux cachée...

Il reporta à nouveau son attention sur l'évènement sensationel, se demandant pourquoi il restait là à regarder. Surement parce qu'il espérait pouvoir aborder la princesse après...
De nombreuses personnes déjà étaient parti, ayant compris qu'il n'y aurait pas d'effusion de sang...

La princesse venait de donner une bourse pleine d'écu à la femme en robe de mariée lorsqu'il repporta son attention sur le centre du cercle formé par les gens du peuple et autres curieux.

A ce qu'il voyait, la princesse était une grande généreuse. Et une grande émotive... Ou alors elle manipulait ses émotions en fonction de ses discours, afin de les rendres encore plus crédible... D'après sa voix, elle avait réussi à retenir quelques larmes...
Il écouta distraitement ses paroles, fort peu préocupé par l'incident qui c'était produit ici à vrai dire...

Lorsque la suivante de la princesse insista sur son titre, Reyan fronça les sourcils. Il lui semblait avoir déjà entendu cette voix quelque part. Mais où et quand, il n'aurait pu le dire...
Il resta où il était, attendant sagement la suite des choses. Ainsi qu'une ouverture pour pouvoir dire à la princesse quel grand coeur elle avait, et autres compliments...

Seraphina fut complètement désarçonnée. Dans son esprit embrouillé seul régnait une sorte de bourdonnement incessant, flou, comme une nuée d’insectes. Déconnection. Echec et mat. Out. Off. Game over. Pour continuer, réinsérez de l’argent. Basculez l’interrupteur sur On. Remettez les pièces du jeu en places. Appuyez sur Replay. FAITES QUELQUE CHOSE ! Oui ! Bien sur ! Mais bon sang ! Où est l’interrupteur ? Je n’ai plus d’argent ! Où sont donc ces fichues pièces, les tours, les pions, la reine et un des deux fous ? Mais c’est moi, le fou ! Bien sur…Evidemment. C’était toujours elle. Elle était folle, elle le savait. Elle frisait la crise d’hystérie. Intérieure, car son visage était resté de marbre, peut-être même un peu trop. Aucune expression ne se lisait sur ce masque de cire blanche, pâle moulage d’un visage. Peut à peu, le brouillard disparut de son esprit avec ce bourdonnement affreux, peu à peu il se dissipa, laissant un néant désagréable. Peu à peu, ses esprits revinrent. Timidement, sur la pointe des pieds au début. Lentement, la machine se réactiva toute seule. Réinitialisation. Réinstallation. Tout doucement, pudiquement. Et soudain, vlan ! D’un seul coup, tout réintégra tout. Mécaniquement, avec une habitude étonnamment frénétique. Elle revit l’instant présent, soudainement propulsée. Elle en fut encore désarçonnée. Elle se souvint. Où était-elle ? Qui était-elle ? Que faisait-elle ? Pourquoi ? Comment ? Toutes ces questions qu’elle s’était posée en quelques instants eurent leurs réponses. Déception. Légère. Le brouillard mental qui l’avait envahi l’avait en quelques sortes charmée, lui laissant des espoirs. Ça, était-ce ça ? L’imagination était libre. Mais l’éclaircissement avait révélé la vérité. Ah…C’était ça. Ce n’était donc que ça…Seraphina montra enfin un signe de sa surprise. Elle fronça les sourcils, la bouche entrouverte, comme pour répliquer. Un frémissement de colère la parcourut. Non ! La princesse Ashenie de Sephren lui offrait une bourse, la voix légèrement tremblante d’émotion, et sans doute des larmes aux yeux. Quel grande générosité ! Que de compassion ! La nécromancienne ne s’y attendait pas. Quoique, en y repensant à son récit…pourquoi avoir récité avec tant de précision ? Ce n’était plus une explication ! C’était devenue une histoire mélodramatique, niaise à souhait, ne servant qu’à attirer la pitié des tiers. La princesse avait posé la bourse dans la main de Seraphina, et avait posé les siens dessus, refermés comme une voute céleste, puis s’était lentement effacée. La noiraude aux yeux rouges garda cette expression étonnée, teintée légèrement de courroux, d’incompréhension. Non ! Non ! Elle n’en voulait pas ! Elle ne voulait pas de cet argent ! Elle respira un grand coup et se calma. Son visage redevint serein. Sa voix était légèrement tremblante, presque imperceptiblement, mais était néanmoins posée, maitrisée :

- pardonnez moi, mais je ne puis vraiment accepter…Je n’ai pas besoin d’argent , j’ai encore quelques écus dans mon sac. Mon récit ne servait nullement à attirer la compassion, la pitié, seulement à relater les faits tels qu’ils étaient. Je préfère me débrouiller seule, en toutes circonstances. Mais néanmoins, je vous remercie infiniment de votre bonté, de votre gentillesse. Il est en effet rare de rencontrer des gens tels que vous dans ce monde si cruel. Sachez que vous avoir parlé m’empli de joie, et que jamais je ne vous oublierais. Cela doit vous être sans doute de la moindre importance, mais pour moi, c’est énorme. J’espère qu’un jour nous nous recroiserons, qui sait ? L’avenir nous le dira…Et ne vous excusez pas au sujet de cet incident, ce n’est pas grave, et nullement de votre faute. Sur ce, je souhaite à vous et ainsi qu’à votre suivante de passer une bonne journée, en espérant que vous ne rencontrerez nul autre tourment…

Souriante, elle fit une révérence, puis se redressa. Rapidement, elle posa la bourse par terre, prit son sac, se retourna et s’en alla rapidement, à grands pas, montrant ainsi qu’elle ne voulait pas qu’on tente de la rattraper. Elle passa par le même chemin que la naine rousse. Les gens s’écartaient et la laissaient passer, avec respect peut-être. Mais elle bouscula quand même un homme, assez grand. Elle siffla entre ses dents, froidement, soudainement de mauvaise humeur :

- Ne vous mettez pas en plein milieu du chemin, espèce de maladroit…

Nan mais c’était embêtant ! A croire que c’était devenu un loisir de la bousculer ! Ce n’est pas parce qu’elle était aveugle avec des yeux rouges qu’elle devait devenir une sorte de souffre douleur, ou quelque chose du genre. Elle s’arrêta un instant, tournant ses yeux couleur rubis vers l’inconnu. Elle sourit. C’était un sourire beau, doux, gentil. Magnifique. Mais son regard était moqueur, un peu provoquant, style : je t’ai traité de maladroit, et c’est vrai, que répliques-tu à ça, illustre inconnu ? Ainsi, elle était d’humeur narquoise. Elle n’hésiterais pas à se battre, à se moquer, à rire de la souffrance d’autrui. Oui, c’était ce qu’elle voulait. Elle se dit qu’elle avait vraiment envie de se dégotter un cadavre…Tiens, cet homme qu’elle avait heurté, ce serait un bon macchabé…

Reyan écouta le dialogue de la femme en robe de mariée. Décidemment tout cela était bien long...
Il essaya de se rappeler où il avait déjà pu voir cette femme, la suivante de la princesse. Mais rien à faire, c'était une personne parmi tant d'autres dont il ne connaissait ni le nom et ne se souvenait pas de la fois (ou même la cause) où il l'avait rencontré.
Il revint brusquement à la réalité lorsque la femme en robe de mariée le bouscula. Cela faisait la deuxième personne qui le bousculait en l'espace de quelques minutes. C'était décidemment sa journée...

- Maladroit ? C'est vous qui m'avez bousculé ! A croire que vous aimez percuter les gens... Faites un peu attention !
Décidemment, vous venez de risquer votre vie pour une bousculade, et vous recommencez. Ce n'est même plus de l'inconscience là... A croire que vous voulez mourir...

Reyan la regarda en souriant, ignorant le fait qu'elle soit aveugle. (Ses yeux semblait prouver le contraire. Un aveugle à généralement les yeux légèrement voilé, ce qui n'était pas le cas ici).
Tout le monde était parti ou presque. Certains miséreux étaient resté là, sans doute dans l'espoir d'obtenir quelques écus... Les autres badauds étaient retourné à leurs occupations. C'était le moment d'aborder la princesse, avant qu'il ne soit trop tard...

Reyan s'approcha d'elle à pas lent, avant de se mettre face à elle, d'effectuer une révérence digne d'un courtisan et d'effleurer sa main de ses lèvres. Etrangement, sa suivante n'était pas intervenu, il se demanda qu'elle était la raison, mais ne s'en soucia guère...

- Princesse Ashenie de Sephren.
Je me présente, Reyan. Mon nom n'a que peu d'importance.

J'avais entendu compter que votre générosité était sans égal, j'en ai eu la confirmation il y a peu. Ainsi que pour votre divine beauté. Le royaume d'Askant à bien de la chance de vous avoir comme héritiere...
Mais que peux bien faire une personne de votre rang ici, parmi les gens du peuple ? Serait-ce afin de donner aux pauvres ? Je ne puis le croire, peu sont du genre à donner ainsi. Excepté vous d’après ce que j’ai vu... Mais prenez garde, votre générosité pourrait être utilisé par certaines personnes peu scrupuleuses... Et considéré comme déshonorante par d’autres…
Mais je ne suis point ici pour vous faire la morale, les prêtres font très bien cela, et je ne me permettrai pas de dire à la princesse ce qu'elle doit faire ou non...

Reyan regardait la princesse, mais voyait du coin de l'oeil que la suivante, le fixait étrangement du regard. Reyan fit comme s'il ne la voyait pas...

Béraude fixait d'un regard froid la pauvre mariée refuser la bourse. Décidément, les offres de bon cœur étaient boudées; elle admirait l'attitude de dame Lamia, et sa grotesque sortie. Ses yeux s'étaient perdus dans les vagues de l'océan qui se tenait devant elle. Elle détaillait un instant la princesse. Elle semblait sublime au bord du gouffre émotionnel intense qui grondait devant elle, sous les rafales de vents qui semblait l'envoler au dessus de ravin, suspendue, et en proie au désespoir, auquel elle raccrochait la dignité avec effort, qui la maintenait hors de la longue volée. Hélas son sauveur de tardait pas à apparaître avec éclat. Elle tournait le visage et détaillait l'homme avec stupeur. C'était lui! La même allure, le même regard! Oh non... Lui pourtant ne semblait pas l'avoir remarquée. Sa main se serrait sur sa dague. Elle contemplait ses yeux. Ses doigts s'enlaçait à la dague. Elle admirait ses beaux yeux doux et fins, son regard frais et envoûtant. Elle sortait sa dague, incapable de bouger. La dague n'avait pas fait un millimètre encore. Son cœur avait, lui, saigné sous les rampes d'un poignard. Elle aurait voulu planter son poignard dans son visage... son beau visage, ce superbe visage étincelant, et doux comme la soie, qui semblait être le carrefour des souvenirs de son esprit embrumé. Et voilà que ses lèvres éffleuraient la princesse. La jalousie prenait en elle et pourtant, elle trouvait cet homme répugnant. Comment osait-il?! Comment osait elle..? L'évocation de son nom aurait suffit à dissuader la princesse de le regarder avec tendresse! Et lui, ce rat du plaisir, croyait il avoir une chance? Mais ou allait donc le monde?! Ses pensées sombraient sous la douce voix mélodieuse du jeune homme. Elle s'envoutait sur la musique du désire. Enfin.. ses yeux pouvaient contempler à nouveau cette beauté doucereuse qui se mariait avec éclat avec celle de la princesse, bien qu'elle fusse encore plus profonde que celle de l'ex soldat. Sa main, s'etait machinalement porté sur l'épaule de la princesse, afin de la reculer avec lenteur. Ses yeux dévorant l'homme, elle croissait sur l'échelle perditive, poussée par l'attraction lunaire d'une marée amoureuse. Dans une maladresse prononcée, elle repoussait le courtisant fébrilement, d'une main tremblante et disait d'une voix hésitante:
« - Messire.. ve-veuillez g-garder vos distances env-vers la princesse de Sephren!»
Elle avait effleuré son épaule.. et , relevant sa main, elle s'attardait presque sur sa joue. Cet instant dura une éternité dans les yeux de la Béraude. Elle revivait avec émotions les ébats déjà oubliés... et s'abreuvait d'une illusion courte, et néanmoins délectable. L'instant, en vérité, fut court, et presque froid, seulement animé d'un agrément de douceur. Elle avait sorti son poignard.. sous l'émotion, et le tenait fermement, comme si l'un des doigts de Reyan en fut la poignée. Elle se perdait dans un regard passionné, revivant intensément toutes les émotions qu'elle avait pu éprouver jusqu'alors, en pointant inconsciemment la lame vers l'homme.

Ashenie regardait l'homme s'avancer. Elle ne disait mot, perdue dans les nuages infidèles d'une longue agonie émotionnelle et intense, à laquelle venait s'ajouter l'impossibilité d'aider. Dans sa main, trônait la petite bourse. Se regard se figea sur l'homme, qui avec grâce, complimentait son action en effleurant de ses lèvres tendres la douceur de sa main. Un homme pourtant comme il pouvait en exister d'autre, étrangement semblable au beau et preux capitaine, dont l'image de la demoiselle en avait conquis le cœur.. et demeurait enfouie en son bas ventre, provoquant frissons et consultions illusoires de plaisir. Elle écoutait avec attention le discourt du jeune homme, en pesant chaque mot chaleureux que sa bouche experte venait à formuler. Son regard se perdait dans les lignes du visage de l'homme, et elle sombrait dans la lente attraction de ses yeux. Sans plus d'avance, elle émanait la tendresse et la douceur en leur plus ample passion, et son visage doux revoyait aux étoiles l'éclat de leur beauté. Elle était soudainement brisée par la voix inhabituelle de la servante, visiblement plus chaude. Elle baissait une nouvelle fois l'arme pointée, lançant un regard désolé vers l'homme.

« Voyez, monsieur, comme je suis bien entourée. Il me serait difficile de me laisser abuser de quelques façons qu'elle soit, puisqu'en vain, je suis escortées d'avis divergeant du mien.. cependant j'agis selon les lois que dictent mon esprit, ,ne pouvant me résigner à une telle misère. Mais dites moi, sire, par quel vents êtes vous porté jusqu'à moi?»
Sa voix douce et calme implorait le pardon et éveillait l'inondation émotive la plus touchante. Elle était ingénue, innocente, comme prête à se laisser dévorer par le premier prédateur...